En une dizaine d'années, Chantal Lauféron a tout essayé. La peinture d'abord, aqua­relle, pastel, peinture à l'huile et acrylique, avant de s'arrêter un certain temps sur la tech­nique particulière du trompe-l'œil « je m'effor­çais de créer artificiellement le volume, se souvient-elle. Et puis, j'ai découvert la céra­mique... Toucher enfin la matière, la façonner de mes mains, lui offrir une forme, tout cela m'a procuré les sensations tactiles et émotionnelles qui me manquaient jusqu'alors. »
Avec passion et une détermination sereine, Chantal entame un chemin de découverte qui lui prendra cinq longues années. Pas à pas, seule, elle élabore « sa » tech­nique, au fil de ses trouvailles et de ses erreurs. Elle « monte» ses pre­mières pièces au colombin, s'essaye au tour, mais découvre très vite que l'assemblage de plaques de terre lui offre cette liberté de formes qu'elle cherchait. Elle choisit l'argile rouge d'Espagne pour sa finesse et sa couleur, un émail en poudre qu'elle colore avec des oxydes pour obtenir un noir satiné et un blanc nacré. Les lignes sont pures, d'un graphisme très contemporain. Vases, coupes, pichets et boîtes s'affranchissent de la forme cylindrique pour gagner en élégance Créés à partir de deux plaques de terre, ils arborent une sec­tion ovoïde et une finition veloutée d'une douceur incomparable. Et par le jeu de « masques» posés avant la phase d'émaillage, un graphisme pré ­cis vient parfois habiller de fantaisie les flancs des vases délicats.